Vous vivez au quotidien avec un épuisement chronique, votre médecin vous a peut-être parlé de seuil de fatigabilité à ne pas dépasser. Hum. Il est bien gentil le docteur, mais là il ne m’aide pas beaucoup en me disant ça… Comment je fais concrètement pour m’arrêter avant d’être complètement HS ? Vous avez de la chance, Jean-Didier a trouvé comment faire et nous livre son truc. Jean-Didier est un malade en rémission, nous aurons l’occasion de partager avec vous son témoignage complet.
Quand je sentais la fatigue me tomber dessus avec les douleurs, il était déjà trop tard et cela n’avait pas forcément de rapport avec ce que j’avais fait dans la journée, mais plutôt avec ce que j’avais fait 24 ou 48 heures avant.
Les malades n’en ont pas toujours conscience, le MALAISE POST-EFFORT arrive souvent en décalé. Comment avez-vous réussi à évaluer votre fatigabilité pour lever le pied avant que l’épuisement ne s’installe ?
Le corps est bien fait et nous envoie des signaux. On n’a pas toujours envie ou on ne sait pas toujours les décrypter. On a chacun des signaux particuliers, c’est cela que le malade doit arriver à identifier. Bref, il s’agit d’apprendre à se connaître.
J’ai commencé à comprendre ce mécanisme lorsque j’ai commencé à aller un peu mieux, lorsque j’ai été à nouveau capable d’aller dans le jardin ou de bricoler. J’y allais après ma sieste, après un café, tranquillement, vers 15 heures. C’était le moment de la journée où j’étais le plus en forme. Je savais que je pouvais m’activer environ un quart d’heure.
J’ai un parterre de gravier sous un arbre, j’arrachais les mauvaises herbes petit carré par petit carré, petit à petit, ça avançait et j’étais fier de moi, d’avoir un parterre joli.
Ensuite, je rentrais à la maison, je me faisais une boisson chaude, je m’asseyais dans le canapé, sans télévision ni aucun autre stimulus. Vraiment assis tranquille. Après avoir bu, je regardais ce que mon corps me disait. Cette introspection, je la faisais en me levant doucement.
Si je sentais des fourmillements au niveau des mains ou autour de la bouche, c’était le signe que j’en avais fait suffisamment et qu’il fallait que je me repose, que c’était tout pour aujourd’hui. Si je n’en avais pas, je pouvais recommencer une nouvelle session pendant 10 min. Tout était calibré, minuté. Cela peut paraître curieux, frustrant, dérangeant de regarder la pendule. Mais c’est de cette façon que j’ai réussi à aller mieux.
La découverte de ce signal m’a permis de ne pas aller trop loin, de ne pas dépasser mon fameux seuil de fatigabilité. Pour certains se sera une migraine, pour d’autres une gêne au niveau des yeux… à chacun d’identifier ce que son corps lui dit. C’est comme ça que j’ai pu avancer.
Il s’agit d’accepter son état de santé et de passer outre la frustration de s’arrêter avant d’avoir terminé une tâche commencée. Combien de temps cette phase a-t-elle duré ?
C’est difficile à dire, il y a eu des hauts et des bas. J’ai tenu le chrono sur plusieurs mois, en grappillant régulièrement 5 ou 10 min sur une activité. Ce qui m’a permis d’atteindre une heure puis deux heures d’activité.
À quel moment augmentiez-vous la durée de vos activités ?
Si cela faisait plusieurs jours que je n’avais plus de fourmillement au moment du sondage de mon corps, c’est que je pouvais rajouter 5 ou 10 min à mon activité.
Je souhaite souligner l’importance de savoir détecter les petits signes qui nous permettent de rester dans notre enveloppe énergétique. C’est ce qui permet aux malades d’agir à nouveau dans un premier temps et dans un second temps, d’améliorer de manière significative leur santé. Ce n’est pas agir qui fait du bien, mais agir en restant dans notre zone de confort. La différence est subtile, mais c’est ce qui fait la différence.